Pourquoi avais-je décidé de venir sur le toit ? [Pv]

Assise dans un coin, j’appuie rapidement sur les touches de mon clavier. Quelques curieux s’arrêtent pour essayer de voir ce que je fais, mais dans ce cas là je ferme mon ordinateur portable pour leur montrer que leur présence m’est indésirable. Une fois partis, je l’ouvre pour recommencer à lire des blogues que je trouve intéressants. Cela fait deux heures que je suis là à ne rien faire, et mon dos commence à me faire souffrir. Je vais ranger mon bijou dans ma case avant d’aller me dégourdir les jambes à travers la pension. Je n’ai certainement pas tout découvert de celle-ci.

Je prends des couloirs empruntés au hasard, regarde par la fenêtre des classes pour voir ce qui s’y trouvent. Dans une d’entre elles, il y a un faux squelette qui semble me fixer. Je déguerpis aussi vite que j’ai posé mes yeux sur lui, morte de peur. Dans une autre se trouve des toiles pour les artistes qui désirent peintre. Je me dis que je n’ai jamais essayé ça jusqu’aujourd’hui et je pourrais essayer pour voir si j’aimerais ça. Ça me ferait quelque chose à faire lorsque je m’ennuierai. Baissée pour boire à un abreuvoir, j’ai à peine le temps de boire une seule goutte et que je sens qu’on me pousse. En tournant la tête, je remarque qu’il s’agit d’un garçon qui m’a bousculé et qui n’a pas l’air de vouloir s’excuser. Tant pis. Il rit à gorge déployé avant de filer.

Je soupire, avançant à pas de loups vers je ne sais trop où. Le regard rivé vers le sol, je finis par me heurter au mur. À ma gauche, une grande porte que je n’avais jamais aperçu avant. Curieuse, je tourne la poignée, tout en prenant soin de regarder autour de moi. Peut-être n’en ai-je pas le droit. Comme personne ne semble m’observer, j’ouvre la porte. La première chose qu’il y a dans mon champ de vision est une jolie fille qui tourne sur elle-même. Lorsqu’elle me voit, elle s’arrête, rouge de honte. Je sens moi aussi le rouge me monter aux joues, j’arrive toujours au mauvais moment il faut croire. Je finis par me rendre compte de mon emplacement; je suis sur le toit. Je ne m’étais pas doutée une seconde que cette porte me mènerait peut-être ici. Mes yeux reviennent sur l’adolescente, et je commence à gesticuler comme une idiote.
-Tu… tu n’as pas à ê-être gênée, je n’ai pre-presque rien vu.
Mais qu’en fait, je la trouvais plutôt ravissante. Sa robe s’élevait dans les airs pendant qu’elle tourbillonnait et ses cheveux volaient au vent. On aurait presque dit une princesse. Seulement, je ne peux quand même pas lui dire ça.

La jeune fille reste clouée sur place, se contentant de m’observer de loin. Elle a l’air rassurée en quelque sorte, mais j’ignore pourquoi. Je l’ai vu tourner comme une gamine, s’exciter et jouer gaiement. Moi, j’aurais été extrêmement gênée. J’ai l’impression qu’elle l’est, elle aussi, à en croire le rouge sur ses joues. Pourtant, elle me dit le contraire. Elle serait juste essoufflée, apparemment. Tant mieux, je ne voulais pas qu’elle soit mal à l’aise. Je soupire en le regardant plus attentivement, de haut en bas.

Mon dieu… ce que cette inconnue est belle. Son visage est d’une douceur infinie, et ses cheveux sont magnifiquement lisses. Elle porte une jolie robe blanche, qui lui va à merveille. Sa peau me semble légèrement bronzée, comparée à la mienne, et ses prunelles brunes ressortent bien. J’aimerais beaucoup lui ressembler. Moi qui ne suis qu’un fantôme aux yeux verts.

Je m’apprête à m’en aller pour la laisser tranquille, mais elle s’approche pour arriver juste devant moi. Elle me tend la main en souriant, tout en se présentant et en disant que ce n’était pas une rencontre banale. En effet, je confirme. Je saisis sa main dans la mienne, elle est chaude, contrairement à la mienne qui est glacée. Je le sens frissonner, c’est pourquoi je la retire presque aussitôt, en murmurant une bref excuse. Je me penche légèrement vers l’avant.
-En-enchantée… Je m’appelle Callie Orne.
Mon accent me gêne toujours autant, mais j’imagine qu’au fur et à mesure, il va finir par disparaitre.